14 Oct
14Oct

Trois ans après le meurtre de Samuel Paty, un autre enseignant a été tué ce vendredi 13 octobre 2023. Dominique Bernard a été poignardé devant son école par un ancien élève radicalisé. Je suis bouleversé par cette tragédie et je partage la douleur de sa famille et de ses proches.

Je suis moi-même professeur des écoles diplômé, affecté à l’école Diwan de Vannes, sous contrat d’État. Depuis cinq ans, je subis sans cesse des menaces, des insultes, des diffamations de la part de quelques individus jusqu’à recevoir des menaces de mort, des images de pistolet, et essuyer des injures dans la rue. Depuis 5 ans, l’administration de l’Éducation Nationale entend me protéger en me tenant à distance de ces gens qui ont la main-mise sur l’établissement scolaire et qui m’empêchent illégalement de revenir devant ma classe. 

Une poignée de personnes m’accuse à tort d’avoir pincé un enfant lors d’une intervention pour protéger une victime d’agression. Ces individus ont réussi à me faire condamner par la machine judiciaire qui m’a semblé, de l’enquête jusqu’aux tribunaux, avoir fait preuve d’une grande incompétence, voire de puérilité. En dépit de ma condamnation, il y a des faits indiscutables qui démontreront toujours mon innocence dans cette affaire. 

Par ailleurs, l’historique de cet établissement est lourd. La loi est censée protéger les enseignants (art. 5 – 1 CEDH) et je suis une personne chargée d’une mission de service public.


Toute menace ou agression contre un enseignant doit donner lieu à une réponse de l’institution et à une sanction judiciaire.


Selon l’article R625-7 du Code pénal, les paroles, gestes ou menaces, les écrits ou images de toute nature non rendus publics ou l’envoi d’objets quelconques adressés à une personne chargée d’une mission de service public, dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de sa mission, et de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à la fonction dont elle est investie constituent un outrage puni de 7 500 euros d’amende. De plus, selon le guide d’accompagnement en cas d’incivilité ou d’agression dans le cadre professionnel publié par le Ministère de l’Education Nationale, aucune menace ou agression, physique ou verbale, ne peut être tolérée contre un membre de la communauté éducative. Toute atteinte doit donner lieu à l’accompagnement des personnels et à une réponse de l’institution, décidée au sein de l’école ou dans le cadre de procédures judiciaires. 

Or, je n’ai pas eu droit au respect de mes droits. Le procureur ne répond pas à mes plaintes et m’expose ainsi aux menaces. En cinq ans, seules deux ou trois plaintes ont fait l’objet d’une enquête, dont je n’ai pas eu le droit d’avoir la copie, diligentées par le même Officier de Police Judiciaire que celui de l’enquête initiale, à charge contre moi. Mes données personnelles ont été enregistrées sans mon consentement et sans respecter les délais légaux de restitution et d’effacement de ces informations, dont les empreintes génétiques. 

En 5 ans, les intimidateurs n'ont non seulement pas été inquiétés mais ils se sont sentis pousser des ailes !


Un appel à la mobilisation


Mon combat est celui de tous les enseignants victimes de chantages, d’agressions et d’attentats meurtriers. Plus jamais ça !

Je ne me résigne pas à subir cette injustice et cette violence. Je continue à me battre pour faire reconnaître mon innocence et ma dignité. Je continue à revendiquer mon droit à exercer mon métier d’enseignant car je n’ai jamais été suspendu de mon poste par le Rectorat. 

Je ne suis pas seul dans ce combat. Je sais que je peux compter sur le soutien de nombreux collègues, parents d’élèves, citoyens qui partagent mes valeurs et qui dénoncent cette situation intolérable. 

Je vous invite à vous joindre aux rassemblements pour exiger que l’État prenne ses responsabilités et assure la protection des enseignants. Je vous demande de vous joindre aux rassemblements en soutien aux enseignants menacés pour exiger que la justice fasse son travail et sanctionne les coupables. Enfin, je vous convie à vous joindre aux rassemblements pour défendre nos droits et notre dignité 

Ensemble, nous pouvons faire changer les choses. Ensemble, nous pouvons faire respecter la loi. Ensemble, nous pouvons faire honneur à notre métier.

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