Les radios publiques France Bleu Breizh Izel et France Bleu Armorique, la chaîne France 3, les quotidiens largement subventionnés et majoritaires que sont Ouest-France et Le Télégramme, les filiales audiovisuelles du groupe Precom (Ouest-France), révèlent de nouveaux chiffres du recensement et du chômage en Bretagne par l’INSEE au troisième trimestre 2017. La vision qu’ils donnent est orientée, tronquée et illisible sur l’ensemble économique, culturel, identitaire, historique et naturel de la péninsule bretonne. Rétablissons la vérité à partir de ces données officielles.
Démographie :
· La Bretagne compte 4 659 077 habitants (Côtes-d’Armor 598 357 hbts ; Morbihan 744 813 hbts ; Finistère 907 796 hbts ; Ille-et-Vilaine 1 042 884 hbts ; Loire-Atlantique 1 365 227 hbts).
· Les cinq départements bretons gagnent 127 675 habitants en 5 ans.
Statistiques concernant le nombre de demandeurs d’emploi en novembre 2017 :
· Au second trimestre, le chômage toutes catégories confondues touchait un peu moins de 8 % de la population bretonne alors que le pourcentage était de 9,2 % sur l’ensemble du territoire couvert par l’Etat français (sans Mayotte). Au troisième trimestre, 9,7 % de la population de l’Etat est désormais au chômage, celui de la Bretagne serait aux alentours de 8,5 % par déduction des données par départements. Le pourcentage de demandeurs d’emploi est donc inférieur en Bretagne.
· Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans aucune activité) baisse de 0,2 % depuis le mois d’octobre et de 4,2 % sur trois mois alors que celui de l’Etat baisse de 0,8 % en un mois et de 2,4 % sur les trois derniers mois. Sur un an, les 5 départements bretons connaissent une baisse d’1,9 % du nombre de chômeurs de catégorie A alors que celle de l’Etat est de 0,1 %.
· Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A par département se présente comme suit : 27 020 dans les Côtes-d’Armor (+ 0,4% par rapport à octobre) ; 34 280 dans le Morbihan (- 0,5 %) ; 40 860 dans le Finistère (stable) ; 43 040 inscrits en Ille-et-Vilaine (- 0,7 %) et 62 430 inscrits en Loire-Atlantique (- 0,2 %).
· La Bretagne comptabilise 325 856 demandeurs d’emploi dans les catégories A, B et C dont 207 630 chômeurs de catégorie A, c’est-à-dire sans activité. Une baisse est apparente sur les 3 premières catégories de demandeurs d’emploi ces derniers mois mais elle ne doit pas dissimuler une hausse du chômage d’environ 1,5 % sur un an sur l’ensemble de la Bretagne historique. L’augmentation est de 2,6 % pour l’Etat, amenant ainsi le nombre d’inscrits à Pôle Emploi à près de 6 millions.
Données croisées :
· La Bretagne gagne des habitants grâce à un fort taux migratoire.
Le seul moteur de croissance démographique est lié au vieillissement de la population accéléré par l’arrivée de retraités d’ailleurs.
En effet, le solde migratoire met en évidence que la moitié des « partants » a entre 20 et 29 ans. La première étape des mouvements de population en recherche d’emploi part de la Basse-Bretagne vers les métropoles de Haute-Bretagne que sont Rennes et Nantes. La seconde étape étant l’exode hors des limites historiques de la Bretagne. Le solde migratoire est par conséquent négatif dans cette tranche d’âge, les « arrivants » ne comblent pas les départs. En outre, les statistiques soulignent que peu de Bretons de cette tranche d’âge reviennent trouver du travail car ils sont « remplacés » par des personnels globalement moins ou autant qualifiés venus de France ou d’ailleurs.
En outre, le solde naturel est également négatif en Bretagne depuis 2015, « pour la première fois depuis 200 ans en période de paix » souligne l’INSEE. « Le nombre de naissances, en baisse en 2015, n’a pas compensé la hausse exceptionnelle du nombre de décès. L’excédent migratoire est ainsi l’unique moteur de la croissance démographique bretonne ».
Avec moins de 2 enfants par famille, la Bretagne est devenue moins féconde que la plupart des « régions françaises ».
· Si l’on prend en considération
l’ensemble des catégories de demandeurs d’emploi (A, B, C, D et E) et l’exode
des jeunes actifs, la situation est catastrophique : ceux qui restent au
pays sont confrontés à l’emploi de plus en plus précaire, de courte durée ;
ceux qui s’exilent tentent un avenir incertain et laissent la place à l’arrivée
toujours plus importante de retraités de France.
Le nombre de demandeurs d’emploi n’est donc pas moins important en Bretagne mais les travailleurs précaires et les exilés ne sont plus comptabilisés.
Quelles leçons déduire ?
La Bretagne occidentale se vide de ses habitants et par conséquent de ses forces vives, de ses repères culturels et identitaires. Son économie est en sursis. Les nouveaux arrivants se concentrent sur le littoral tandis que de vastes territoires se désertifient. La Bretagne orientale profite de cet exode lié au centralisme français en intégrant la grande périphérie de Paris (la LGV et l’engouement qu’elle a suscité chez nos élus des partis français le démontre).
La Bretagne aurait tout pour réussir : sa situation géographique, la générosité et la ténacité de son peuple, le respect de l’intérêt collectif, la qualification de ses habitants (le plus fort taux de réussite au baccalauréat sur les 5 départements, les plus diplômés et les plus qualifiés dans différents domaines professionnels), et un PIB supérieur à plusieurs pays européens en dépit de la réquisition de ses richesses humaines, de ses finances et de l’absence de pouvoir décisionnel pour maîtriser notre destin.
Les chiffres mettent en évidence la malveillance de la France dans son organisation territoriale et dans ses choix politiques. Des choix plébiscités néanmoins par les Bretons dans leur ensemble.