09 Nov
09Nov

Depuis l'attaque du Hamas sur Israël, la guerre est enclenchée et fait des milliers de victimes. Cette contrée du Proche-Orient, plus petite que les deux tiers de la Bretagne historique, a depuis plus de 2000 ans déchaîné les passions, les haines et les guerres. 

Dès le début de notre ère, ces tensions se sont répandues à travers le monde par le biais des pouvoirs religieux. Ce qui arrive aujourd'hui n'est donc nullement une surprise. 

On s'inscrit dans cette continuité à travers le conflit israélo-palestinien qui cristallise différents ressentiments entre civilisations. L'actualité mondiale est monopolisée par ce conflit exporté plus encore à travers les migrations économiques générant des tensions explosives au sein d'États du monde entier. On remarque aussi que les êtres humains n'ont pas tiré de leçons de l'Histoire. Nous faisons perpétuellement les mêmes erreurs. Des clans se forment : les pro-Israéliens, les pro-Palestiniens et ceux qui ajoutent une dose d' "anti". 

Dans cette polarisation, les populations arabes et israélites, les religions, en l'occurrence musulmane et juive, sont mêlées au conflit transposé, quand bien même il se déroule à plusieurs milliers de kilomètres d'ici sur un petit bout de terre. Rares sont les prises de position pour la paix, en dehors de la posture binaire largement stimulée par les médias. Une fois les crispations alimentées, toute personne se trouve associée à la politique israélienne ou palestienne, au Hamas, au Hezbollah ou aux nationalistes israéliens et au sionisme... Même le choix de lutter pour la paix et la neutralité dans le conflit rend coupable d'être dans un camp, que d'aucuns vous attribueront.


Manifester contre l'antisémitisme, le dimanche 12 novembre, au moment de ce conflit est clairement une caractéristique de la transposition du conflit, au même titre que les manifestations pour la Palestine. A ceci près que cette manifestation place un groupe religieux - en toile de fond une appartenance ou une proximité identitaire aux Hébreux - comme victimes officielles hors du territoire où se déroule le conflit armé. Le message est donc difficilement audible sur les véritables intentions d'un tel mouvement, de surcroît quand des personnalités, politiques ou non, sont contraintes de prendre une position radicale sur l'adhésion ou non à la manifestation, sans avoir forcément tous les éléments pour ce faire. Il ne s'agit pas cette fois de revendiquer l'arrêt des massacres en Palestine. La différence est de taille. 


Et si la réalité était tout autre ? 

Les dogmes religieux (les Livres) vous ordonnent votre manière de vivre, comme celle de vous comporter et de penser. Ils donnent également les grandes lignes de ce qu'on pourrait assimiler à des programmes politiques qui n'ont rien à envier aux doctrines impérialistes. En effet, le but est de convaincre et de gagner du territoire sur des croyances basées sur des textes transmis, modifiés et interprétés différemment depuis des siècles.  Nous sommes bien loin de la spiritualité dans ses applications. Ces dogmes se muent plutôt en outils. Ces vérités autoproclamées sont autant de prétextes pour simplifier les antagonismes entre communautés devenues ainsi facilement identifiables et utilisables pour se différencier l'une à l'autre.

Car, que l'on ne le veuille ou non, lorsque le conflit irlandais est abordé, à titre de comparaison, ce ne sont pas des catholiques contre des protestants et inversement, mais des Irlandais qui se sont fait confisquer une part du territoire de leur nation multiséculaire contre des Britanniques comptant parmi eux leur cousins celtes. 

Il en va de même partout. Le conflit israélo-palestinien est une lutte territoriale. Il n'y a aucun exemple dans l'histoire de l'Humanité de deux peuples qui ont pu vivre en paix durablement sur un même territoire. 

Certains diront que les frontières, les drapeaux, les nations sont la source des conflits. Là aussi, il est illusoire de penser que l'être humain ne peut vivre et s'émanciper sans l'échelon du peuple auquel il appartient. Je connais des libertaires partisans de la "citoyenneté mondiale", refusant toute idée de nation, de communauté protectrice à défendre. Or, ces derniers souhaiteraient quand même préserver la diversité culturelle face à la mondialisation par des moyens qui me semblent bien abscons... Je les côtoie et les vois revendiquer des Z.A.D., des zones à défendre, dont le périmètre est effectivement courageusement défendu quand l'État et les intérêts économiques veulent réduire à néant une zone naturelle. Et ils protègent ce territoire qu'ils font leur, avec ses valeurs, comme tout être humain défendrait celui de son peuple et de son identité. Être citoyen du monde ne veut pas dire la négation des peuples, bien au contraire. Il en va de même pour l'unité de l'Humanité. 

Ainsi, il est temps de se poser deux questions cruciales : 

- Deux peuples peuvent-ils cohabiter en paix sur un même territoire ? Il arrive toujours un moment où, quand les règles sont incertaines, l'un empiétera sur le voisin et envahira tout ou partie de son territoire. Ce scénario est celui du colonialisme occidental mais aussi, de façon plus contemporaine, celui de l'Azerbaïdjan en Arménie, celui de la Turquie au Kurdistan, celui de l'Ukraine et de ses alliés sur les territoires russophones de l'Est de son État et ce sont aussi probablement les visées russes sur l'Ukraine ; enfin, c'est celui bien plus complexe du peuple israélien, qui après des siècles d'errance et d'exil a cultivé son existence jusqu'au retour à la Terre promise, sur un territoire arabe aux confins des limites nord-est de l'Égypte.  

Permettez-moi une analogie audacieuse, il y a 1500 ans seulement, Londres était encore un peu brittonique, fondée par des Bretons, quand la Palestine n'existait pas plus qu'Israël sur ce territoire byzantin. 

- Un peuple peut-il vivre sans État ? C'est la raison de la création d'Israël en 1948. 


Ainsi, marcher contre "l'antisémitisme", terme galvaudé, n'apporte rien au bon sens, ni ici, ni là-bas, tant que les vraies questions ne sont pas abordées, notamment celle du bienfondé de transposer le conflit dans une Europe qui a aussi des questions similaires à résoudre. 

Par contre, ce 11 novembre, la vieille de la manifestation, nous aurions pu marcher pour faire écho au vœu des Anciens Combattants revenant du front de la Grande Guerre, qui souhaitaient un 11 novembre non militaire, sans uniforme et sans arme afin de célébrer la Paix. 

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