08 Nov
08Nov

Faut-il parler d'un débat concernant la Loire-Atlantique en Bretagne ?

Assurément, non. Les médias nous parlent d'un débat mais aucun historien, même parmi les plus cocardiers français, ne remettrait en cause l'appartenance à la Bretagne du Pays de Retz, de Nantes, des vignobles autour de Clisson, des marais salants de Guérande...

Le tort des militants pour la réunification administrative de la Bretagne est justement d'alimenter un débat imaginaire, alimenté aisément par l'ignorance et les médias. Moi-même, j'ai commencé à vous parler d'Histoire et j'entre ainsi à mon insu dans cette spirale de justifications.

Réduire l'existence d'un ensemble humain, culturel, socio-économique, naturel et géographique à son Histoire - quand bien même celle-ci constitue la mémoire collective, venant comme un élément fondamental d'unité - engendre une idée passéiste. Même les résidents de la Loire-Atlantique ont tendance à parler de 1941, Pétain, etc. Pour un décret demandé par les nazis, jamais appliqué et abrogé après-guerre. Oui, il y a eu des étapes, avant et après, décidés par les partis français mais elles n'ont pas été ressenties dans la population (1956 et 1972). Il s'agissait de découpages administratifs qui n'influençaient pas vraiment le quotidien. En 1982, lors de la première décentralisation puis, en 1986, lors du passage des Conseils régionaux en collectivités locales élues au suffrage universel, la donne a changé. Olivier Guichard, fils du directeur de cabinet de l'amiral Darlan durant le régime de Vichy, a obtenu que la ville de La Baule au sein de laquelle il était maire, soit reliée à la région d'Angers et Le Mans. Et ce, dans la même logique que celle du géographe nazi Walter Christaller.

Depuis les années 80, des millions d'euros d'argent public et le relais de médias comme Ouest-France, Le Télégramme et France 3 "Bretagne" tronquée ont lavé les cerveaux par leur propagande "pays-de-loirienne" quotidienne. Cela, une minorité militante l'avait vu venir et manifestait dès les années 70. 

Toutefois, j'ai fait encore de l'Histoire ! Récente, certes, mais de l'Histoire quand même. Difficile de ne pas retomber dans la spirale et nos ennemis le savent alors qu'il suffirait de renvoyer tout un chacun aux nombreux ouvrages sur la Bretagne, inutile de se fatiguer face à la mauvaise foi. 


Faire parler simplement notre vécu.

Revenons alors à des choses simples, à une époque récente où chacun de nous partait moins en vacances et voyageait à moins de mille kilomètres de chez soi. Dans les années 80, j'étais enfant mais je m'en souviens comme si c'était hier : partout à l'extérieur de la Bretagne, les Bretons des 5 départements se faisaient des appels de phares, se saluaient d'un signe de la main accompagné d'un bref coup de klaxon. Les habitants du 44 procédait de cette manière autant que les autres et strictement personne n'aurait eu l'idée de penser que cette partie de la Bretagne était "Ligérienne", ce mot sorti de nulle part pour une région ne correspondant à rien. 

Il a fallu moins de 40 ans pour que l'ignorance et la malveillance se nourrissant de cette inculture fasse oublier à la population ce qu'ils sont et la terre qui est sous leurs pieds. L'effondrement de l'instruction, de l'éducation, de la transmission familiale et de l'identité puis, les déplacements professionnels de population ont facilité les effets d'une coûteuse couche de propagande extrêmement onéreuse en argent public.

Plus encore, beaucoup ne perçoivent plus l'utilité d'une unité territoriale humaine, culturelle, économique avec deux métropoles complémentaires, géographiques, et une entité écologiquement naturelle de la péninsule. Cette ensemble logique, tourné vers l'océan, l'arc atlantique et l'interceltisme, se meut en région croupion, fondue dans un "Grantwest" parisien insipide. 

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