11 Jun
11Jun

Le combat pour la Palestine est un combat juste : c’est la lutte d’un peuple qui aspire simplement à vivre dignement sur sa terre. Pourtant, ici, en Bretagne, soutenir la Palestine demande souvent moins d’engagement que d’affirmer sa solidarité envers sa propre terre, alors même que nos deux combats s’appuient sur la même idée fondamentale : chaque peuple a le droit de disposer de lui‑même.

Défendre la Bretagne, sa langue et sa culture, n’est pas un geste nostalgique : c’est s’opposer à des siècles de répression directe : on a interdit de parler breton à l’école, favorisé la promotion sociale en français, organisé des guerres, envoyé les dragonnades et déplacé des populations pour affaiblir notre enracinement, jusqu’à tenter d’anéantir nos structures sociales et culturelles. La Bretagne a pourtant connu son propre État ; elle n’est pas une simple région administrative amputée, mais un peuple dont la survie linguistique et culturelle dépend du sol breton : s’il disparaît d’ici, il n’existe nulle part ailleurs.

La Palestine, pour sa part, s’inscrit dans une culture arabe plus vaste : la langue et les traditions palestiniennes se prolongent en Jordanie, en Syrie, en Irak ou au Liban. Mais, pour les Palestiniens, c’est leur terre historique qui importe ; comme pour la Bretagne, c’est ici que leur identité se vit pleinement.

En militant pour la Bretagne, on défend aussi le même refus des logiques impérialistes et centralistes qui écrasent les peuples, qu’il s’agisse du centralisme français ou de l’occupation israélienne. En donnant de la voix à la Bretagne, on rejoint un concert des peuples qui plaide pour un ordre mondial plus juste.

Pourtant, beaucoup de militants pour la Palestine en Bretagne semblent mener un combat hors sol, presque obsessionnel : en dénonçant exclusivement à l’extérieur, sans ancrer leur action dans une lutte locale cohérente, ils finissent parfois par donner - involontairement  -  de la voix à l’État français et à d’autres États complices, qui ferment les yeux sur la disparition du peuple palestinien. Or, sans enracinement sur notre propre terre, sans cohérence entre nos actes et notre histoire, il est difficile de convaincre : l’engagement finit par manquer de logique et de force.


Commentaires
* L'e-mail ne sera pas publié sur le site web.