13 Feb
13Feb

Militant indépendantiste, je suis convaincu de la pertinence d’ententes bretonnes locales à défaut de n’avoir pu participer à la construction d’une large plateforme stratégique à caractère national sur les 5 départements bretons. En 2001, une union bretonne dépassait la barre financière des 5 % à Vannes. Cela voulait dire qu’un mouvement unitaire sans risque financier aurait pu être enclenché il y a bientôt 20 ans. C’était sans compter le manque de tolérance politique des courants régionalistes, autonomistes et des ambitions personnelles. Un scénario qui se retrouve constamment, rappelons-nous le déroulé des candidatures des Régionales.

L’union autour d’exigences communes demande de tolérer des divergences sur la finalité du projet politique : certains demandent à l’Etat, veulent rester français, d’autres non. Nous avons pourtant en commun une Bretagne chevillée au corps. Nous en parlons avec nos tripes. Nous avons compris l’intérêt pour chacun, en tous les domaines de la vie, de l’échelon d’un territoire correspondant à son peuple, sa société historique et l’émulation économique que créée le sentiment d’appartenance à un destin commun. Beaucoup de nations européennes sans Etat l’ont compris et cela se traduit sur le terrain par la nécessité de l’union stratégique. Les dernières en date à pouvoir savourer l’avènement de négociations directes avec l’Etat dominant et de s’immiscer dans les relations internationales sont la Corse – où autonomistes et indépendantistes se qualifient de nationalistes face à celui du centralisme étatique français – et la Catalogne du Sud. N’ont-ils pas ainsi franchi le premier pas vers la souveraineté ? Dans les deux cas, une alliance les a portés vers la victoire par les urnes. De quoi lancer un nouveau Printemps des peuples de l’Europe occidentale, succédant aux vagues de libération des nations de l’Est. 

Cette union en Bretagne sera réalisable lorsque les indépendantistes ne seront plus refoulés pour leur façon de concevoir la société bretonne. Souhaiter rendre à un peuple la maîtrise de son destin commun n’est pas condamnable et c’est d’autant plus noble quand il s’agit de s’engager pour le destin de sa propre communauté. Il est honteux de laisser les plus sincères défenseurs des Libertés devenir des parias puis de les accuser ensuite de diviser.

L’élaboration d’une telle force politique autonomiste n’enlèvera rien à mes convictions que je n’ai de cesse d’exprimer. Je suis pour construire l’indépendance de mon pays, je ne vois pas d’autres issues pour éviter sa mort programmée économique et identitaire (non, ce n’est pas un gros mot, c’est une richesse inestimable). Je ne vois pas d’autre avenir pour la jeunesse, pas plus que d’autres manières d’améliorer le présent, sans cette reprise progressive des rênes du pouvoir. Face à nous, il y a un Etat déplaçant les femmes et les hommes de ce pays, aspirant chaque richesse, chaque possibilité de décision ; usurpant les droits les plus légitimes et aliénant le peuple. Ces relents coloniaux sont exprimés dans chacune de ses décisions. Il nous faudra faire des concessions dans nos angles de vue, notre volonté exprimée diversement de sortir de l’esclavage doré dans lequel la France nous maintient.

De nombreuses fois candidat et tête de liste, je n’ai pas la prétention de participer à une nouvelle liste sans la possibilité d’une sincère entente. Je soutiendrai par ailleurs toute initiative bretonne intègre et ouverte aux partisans de la souveraineté dans une Europe unie sous ses multiples bannières historiques.

 

Bertrand Deléon, le 13 février 2018. 

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