25 Mar
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Peu loquace sur le vol de données personnelles de laboratoires médicaux, dont certaines sont directement ou indirectement liées aux bénéficiaires et aux prestataires de la Sécurité Sociale, la CPAM du Morbihan a en revanche activement participé au suivi de la politique sanitaire, jusqu’à signer récemment 90 CDD d’enquêteurs sanitaires qui tracent les cas contacts de Covid-19. Tant d’efforts pour contrer la pandémie qui a décimé sur un an 0,04 % de la population du Morbihan, dont la moyenne d’âge était supérieure à 81 ans et souffrait dans leur grande majorité de lourdes comorbidités. En bref, une « crisette » qui prépare la grande crise sociale qui s’installe.

Dans ce contexte, M. Mohamed Azgag, directeur de la CPAM depuis de longues années, également maire-adjoint aux affaires sociales et à la politique de la ville à la mairie de Vannes (maire David Robo), a pris la décision de protéger ses employés qui, disons-le statistiquement, ont à peine plus de chances de gagner au loto que de risques de périr du virus en question. Toutefois, on dit que l’intention compte et le contexte plus politique que sanitaire génère la contrainte.

Ainsi, le 7 octobre 2020, la CPAM a fait appel à la société Hamiform-Anju Beauté pour distribuer gracieusement de 4 à 8 masques en tissu, selon l’affectation des agents, à tous les employés, puis une nouvelle série similaire de masques homologués, le 2 février 2021, ainsi que de faire équiper les locaux en distributeurs de gel hydroalcoolique.

Cette société, spécialisée en produits alimentaires pour les rongeurs et autres nouveaux animaux de compagnie, est basée à Saint-Avé, selon les déclarations parues dans les médias lorsque la préfecture du Morbihan, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de Bretagne et les Douanes furent sollicitées pour produire du gel hydroalcoolique. Par ailleurs, cette société se confond aussi avec un laboratoire et une société civile immobilière déclarée à Ploërmel selon les immatriculations du Greffe du Tribunal de Vannes et du Tribunal de Commerce de Paris avant transfert.

Sans chercher à percer plus le secret de ce large champ d’action, la première société est dirigée par M. Laurent Davalo et son frère Philippe, co-dirigeants ; la seconde par Mme Sonia Bourion, femme de M. Laurent Davalo, directrice-adjointe et responsable des Ressources Humaines de la CPAM. La distribution des masques au sein de la CPAM est justement assurée à Vannes par la Direction des Ressources et, sur les antennes extérieures, par les responsables de site. Mme Bourion signait ainsi elle-même les courriers d’information concernant ces équipements auprès des personnels.

Or, il est difficile de relever l’existence d’un quelconque appel d’offre quant au choix de ce fournisseur privilégié de la CPAM du Morbihan.

M. Davalo possède diverses sociétés dans lesquelles il se trouve régulièrement associé avec Mme Bourion, sa femme. L’une d’entre-elle avait organisé une sortie en mer pour les retraités de la CPAM qui avait créé la polémique, il y a quelques temps, pour cette prestation à l’insu des syndicats de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.

Le silence de M. Azgag est assourdissant sur ces questionnements. D’autant que les rumeurs sur un fonctionnement nébuleux de la gestion des personnels sont chroniques de la bouche d’anciens salariés de la Caisse Primaire. On se souviendra de cet employé qui découvrit dans son dossier de carrière des coupures de presse concernant l’activité politique d’un membre de sa famille, à titre d’exemple.

Et ce petit monde se côtoie à l’extérieur, notamment dans la distribution de trésors charitables : prenons l’exemple du vide-greniers multi-associatif lors duquel M. Laurent Davalo (commissaire général du vide-grenier), M. David Robo (maire de Vannes) et M. Patrick Beurel (président du Rotary-club et accessoirement Commandant de police à Vannes, désormais en retraite) se remettaient des chèques de quelques milliers d’euros. Ce dernier s’illustrait il y a quelques mois par ses « ostensibles likes »sur les publications méprisantes de M. Jean-Baptiste Goulard, fils du Président du Conseil Départemental du Morbihan, à l’égard des candidats aux élections municipales n’appartenant pas à la majorité sortante de M. Robo. A cette période, M. Goulard Junior, ancien chef de cabinet de son père à la mairie de Vannes en 2010 et assistant parlementaire de son père en 2011, quittait cette fois son poste taillé sur mesure de « directeur général » ou « délégué général », selon le moment, à « Paysages de mégalithes », avant de retourner à Paris. L’association animée par les partisans d’hier d’un « Menhirland » à Carnac fut largement subventionnée par nos deniers publics. Cette belle usine à gaz déficitaire, qui était présidée alors par le maire de Carnac, Jacques Bruneau, tout droit venu du Val-d'Oise, est notamment chargée de porter la candidature du paysage mégalithique du département au patrimoine mondial de l’Unesco. Le népotisme parisianiste à la mode Goulard semble une pratique généralisée dans tout ce petit réseau des tenants du pouvoir local.

Pour résumer, cette « crise sanitaire » fait une poignée d’heureux bénéficiaires et de jolis petits sujets, tenus par la crainte.


Bertrand Deléon.

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